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Projet d’été : L’histoire d’Henri

Temps de lecture : 12 minutes

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Petite prémisse! Cet été, à L’espace M.Y, nos participants avaient la possibilité de développer un projet personnel de création de contenu. Que ce soit sous forme de podcast, entrevue journalistique, article de blogue, témoignage, reportage photo, etc… Toutes les formes de création étaient possibles! Vous avez peut-être eu la chance de voir le projet « En toute confidence… devant public » mettant en vedette des joueurs de hockey professionnels et des apprentis journalistes sportifs du CJEMY ou encore les photos du projet expérientiel de David au garage d’auto de course? Aujourd’hui on vous présente le projet d’Henri qui lui a choisi de vous faire un beau récit-témoignage. Bonne lecture!

L’histoire d’Henri

En tant que jeune homme de 20 ans, ne sachant pas trop quoi faire de ma peau pendant un été, mon intervenant social m’a référé au CJEMY, soit le Carrefour Jeunesse-Emploi Marguerite-d’Youville. Personnellement, je n’avais guère d’attente envers cette institution qui m’était étrangère. Pourtant, cette organisation se situe dans une région de ma municipalité qui m’est familière. Bref, j’y suis allé une première fois afin d’expérimenter leurs différents services. J’ai été agréablement surpris par la diversité ainsi que la qualité des activités et de leurs responsables. Elles m’apparaissaient comme des personnes bienveillantes, dynamiques et enjouées.

Ça a été l’un des étés les plus valorisants que j’ai eu l’occasion de vivre en leur compagnie. Avec l’accompagnement et le support des intervenants du CJEMY, j’ai pris la décision de faire part de mon projet d’été avec l’espoir d’inspirer ceux et celles qui, tout comme moi, ne savent pas quoi faire de leur peau. Il est toujours possible de se prendre en main et j’ai la profonde conviction que le CJEMY peut vous apporter l’aide dont vous avez besoin.

« Qu’est-ce qu’un Tourette? » 

« Qu’est-ce qu’un Tourette? », me demandez-vous. Je vous dis : « Je suis votre réponse ». Je suis bien des choses; Il réside en ma personne une panoplie, une multitude de facettes qui ont toutes leurs propres particularités afin de former un seul et même individu. Le syndrome de la Tourette est une des facettes les plus importantes, puisqu’elle possède une influence considérable sur le cours de mon existence. Ce dysfonctionnement neurologique, aussi communément appelé Gilles de la Tourette, fut longtemps un fardeau que je traînais derrière moi. Plus le temps avançait, plus il devenait ardu de tolérer cette particularité qui faisait pourtant partie intégrante de mon être. « Comment vais-je faire afin de continuer le chemin? », que je me demandais.

Lorsque mon grand-père est décédé, ça a été le début de ma révolte, ainsi que le commencement d’une longue route au cours de laquelle je suis parvenu à être en mesure de voir les choses différemment. Lorsqu’on a une condition similaire à la mienne, on se rend compte bien rapidement qu’il y a quelque chose de différent. Différent, c’est la phobie de l’humain. Pourtant, je suis humain également et, d’une autre part, on me regarde étrangement, on me dévisage lorsque j’ai des tics.

Chose encore plus surprenante, je souris, je vis, je fonce, malgré ces regards, ces jugements et tout ce que cela comporte, car être différent, c’est surtout avoir l’honneur, l’opportunité de faire de cette lacune un atout considérable, et ainsi devenir une meilleure personne, un individu qui se démarque parmi les autres. Vous avez le pouvoir tout comme moi de démontrer que, malgré ce boulet rattaché à votre esprit, tout est possible.

Un jour, j’en ai eu assez, j’ai fait de ce boulet une arme, avec ce métal lourd, j’ai forgé mon épée, j’en ai fait ma force. Je suis fier d’être une personne qui a le syndrome Gilles de la Tourette, car cela fait partie de moi et que, sans cette lacune, il y a tant de choses que je n’aurais pas eu la chance de vivre. J’ai compris bien des concepts tels que la résilience, le courage, la foi et surtout le fait de garder espoir afin de poursuivre le combat malgré toutes ses souffrances. 

Et maintenant… 

Je parviens à un stade de mon existence où je me pose un certain nombre de questions, principalement en lien avec la personne que je suis. Je tente de faire preuve de discernement entre mon syndrome et l’individu que je suis fondamentalement. La personnification de cette particularité m’a donné l’impression d’être spécial, de me faire remarquer au sein d’un groupe et d’acquérir une forme d’authenticité à cet égard. C’est ironique en un sens; ma plus grande faiblesse peut pourtant être une alliée.

Je ne souhaite à personne de devoir composer avec cette maladie, seulement, j’ai été en mesure d’en faire quelque chose de moins handicapant. Il est évident que j’aimerais m’en débarrasser, tout comme j’éprouve une certaine fierté quant à démontrer qu’en dépit de toutes les contraintes engendrées par le biais du syndrome de la Tourette, j’ai su me frayer un chemin tant bien que mal. D’une autre part, je ne suis pas juste un « Tourette », je suis plus encore. Je tente du mieux que je peux de ne pas perdre de vue cette composante.

Mon défunt grand-père m’a souvent mis en garde en me disant que j’étais mon pire ennemi. Il avait raison tout en ayant conscience de mon potentiel. Cette différence est une épreuve. J’ai des tics moteurs et verbaux; l’envie de les laisser prendre le contrôle me tiraille chaque seconde. Je suis quand même parvenu à instaurer un certain équilibre. Je ne les supprime pas, mais tâche de les inhiber au maximum. Cela requiert une énergie considérable. L’intensité des tics varie en fonction de multiples facteurs, souvent émotionnels. Ils peuvent être un bon indicateur de mon état psychologique. Les tics ne sont pas les seuls symptômes. Dans la quasi-totalité des cas, il est accompagné d’autres comorbidités. D

Dans mon cas cela s’avère être un TDAH, de l’impulsivité, une difficulté avec la gestion des émotions, de l’anxiété ainsi qu’une forme de rigidité cognitive. J’ai eu l’incroyable chance d’être diagnostiqué très tôt, c’est-à-dire dès mes quatre ans. À l’initiale, je ne devais pas aller plus loin que la cinquième année du primaire, selon certains spécialistes. Ce qui m’a sauvé, c’est l’amour que m’ont prodigué ma famille et mon entourage. C’est ce qui m’a permis d’évoluer en progressant malgré toutes mes difficultés. Cela repose entre autres sur la foi inconditionnelle de mon grand-père à mon égard.

La morale de mon histoire est fort simple : aimez et gardez foi en qui vous êtes, car nous sommes tous différents, tout comme nous sommes tous aptes de faire preuve d’amour envers son prochain afin d’accueillir les différences de chaque individu. 

En somme, par le biais de ce récit, je tenais à vous faire part de la foi que j’éprouve envers l’être humain dans sa globalité. Peu importe ce que nous portons au creux de notre âme, nous avons tous le pouvoir de faire quelque chose de bon de notre existence. Pour ma part, ça a été, entre autres, en allant au CJEMY, ainsi que par d’autres expériences de vie.

Pour finir, n’oubliez jamais que l’espoir est ce qui vous mène au succès et que vous êtes celui ou celle qui le dirigent. 

 

 

 

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