Dans le cadre de la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat , nous avons posé quelques questions à un entrepreneur «par accident» , David Miljour, fondateur de Dose Culture. Très impliqué dans le développement de l’économie sociale et dans le rayonnement des artistes urbains, la mission de Dose Culture nous touche droit au coeur!
>> En quoi consiste ton travail?
Trois principales facettes. Premièrement, appuyer les graffeurs et artistes qui travaillent avec Dose Culture soit par démarcher des contrats ou pour sensibiliser nos partenaires sur leur développement professionnel, aussi important que l’art contemporain, actuel, etc. Deuxièmement, faire la gestion rigoureuse des actifs et des finances de Dose Culture par un travail administratif et une direction technique des projets. Finalement, travailler aux développements des graffeurs et des artistes collaborant avec notre organisme tout en développant Dose Culture dans sa mission, sa vision et ses projets que nous voulons, les plus innovateurs possibles.
>> Plus jeune te voyais-tu dans ce métier?
Absolument pas! Je voulais être travailleur social! J’ai une belle anecdote à ce sujet. Autrefois, j’étais directeur d’une maison des jeunes et dans le cadre du tout premier projet graffiti dont la Ville de Longueuil était partenaire avec l’Hôpital Charles-Lemoyne, la table de concertation m’ont demandé de prendre en main le projet. À l’époque, j’étais incapable de dire non, et ce, même si cela ne me tentait pas du tout. J’ai débuté le projet à reculons et c’est drôle car, aujourd’hui, c’est pas mal le centre de ma vie professionnelle. Le milieu du graffiti et les gens qui y sont et qui sont désormais des amis, m’ont beaucoup appris sur moi et cela m’a ouvert d’importantes opportunité qui fait de moi une personne plus complète.
>> Pour quelles raisons voulais-tu devenir entrepreneur?
Je dirais que j’étais plus ou moins conscient de ce vouloir. C’est un accident de parcours, un accident très heureux. L’opportunité s’est présentée naturellement. La création de murale de style graffiti et l’élaboration de la politique en art urbain à la Ville de Longueuil ne pouvait pas se faire qu’exclusivement à l’interne. Ainsi, ils avaient besoin d’un partenaire terrain. Avec courage ou folie, cela dépend de l’angle que l’on le voit, j’ai laissé mon emploi séculier pour fonder Dose Culture et je ne le regrette pas. Bien au contraire, je travaille actuellement une autre entreprise sociale mais cette fois-ci, en pleine conscience de mon amour et ma passion pour l’entrepreneuriat.
C’est un accident de parcours, un accident très heureux.
>> Dans circonstances as-tu le plus appris sur l’entrepreneuriat?
Mon implication en tant que membre du conseil des membres du Pôle de l’Économie sociale et dans les différentes phases de développement de Dose Culture nécessitant des décisions, parfois périlleuses, parfois courageuses. Devoir prendre une décision. Cela m’a mené aux bouts de mes ressources et compétences, mais une fois passé ce stade, l’inconnu devient plus confortable.
>> Quelle était ta plus grande appréhension par rapport à l’entrepreneuriat?
Que cela ne fonctionne pas, que les revenus ne soient pas au rendez-vous et que cela ait des conséquences négatives sur ma famille.
>> As-tu encore cette appréhension? Si oui comment fais-tu pour travailler avec?
Non. Le succès est au rendez-vous et même, nous développons une belle nouveauté qui sera dévoilée en janvier!
>> Avec le recul qu’aurais-tu fait différemment?
Rien! Lorsque l’on se trompe, c’est la meilleure façon de voir ce qu’il faut éviter dans le futur.
>> Qu’est-ce qui te fait tripper dans l’entrepreneuriat?
L’autonomie. Être maître de ce que nous voulons développer sans se demander si notre entreprise sera d’accord, si notre supérieur serait d’accord. D’avoir la liberté d’action et de décision. De regarder en arrière et constater le chemin parcouru. De pouvoir innover, proposer des choses inexplorées et en tracer une nouvelle voie.
>> Qu’aimerais-tu que le futur entrepreneur sache sur l’entrepreneuriat?
C’est beaucoup plus accessible que ce qu’il pense. Au Québec, on a tendance à souvent voir l’entrepreneuriat comme une grande montagne à escalader quand nous aurons les ressources nécessaires ou à douter de nos capacités. Mais dans le fond, selon moi, l’entrepreneuriat peut facilement être le carburant de nos idées, de nos aspirations et de notre succès en tant qu’entrepreneur.
>> Quel est le conseil le plus précieux que tu as reçu dans ta vie d’entrepreneur?
Une fois un formateur m’a posé la question suivante : c’est quoi la différence entre l’implication et l’engagement? C’est l’omelette au jambon. La poule est impliquée, le cochon est engagé. Pour être un entrepreneur, il ne faut pas être seulement impliqué, il faut être engagé.
>> Quelles sont, selon toi, les qualités indispensables pour devenir/être entrepreneur?
Favoriser le changement. Éviter la mentalité d’autrefois basé sur la tradition. Se poser la question sur ce que je peux offrir de plus. Cela va faciliter le succès économique mais aussi dans les communications. Revoir sa mission. Se questionner.
>> Qu’est-ce qui a été le plus formateur pour toi : l’échec ou le succès? Et pourquoi?
Clairement l’échec. Pour répondre différemment de la question 9, en plus d’apprendre dans l’échec, il faut se positionner. L’échec est souvent en lien avec notre prise de décision. Il y a trois types de décisions. Celle que nous ne prenons pas, la bonne décision et la mauvaise décision. Plusieurs sont tentés de dire que la mauvaise décision est la mauvaise décision! Mais selon moi, c’est celle que nous ne prenons pas car, se tromper fait avancer, prendre la bonne décision fait avancer, ne pas prendre de décision fige tout le monde incluant nous-mêmes.
>> Quelle est la place de l’échec dans ton aventure entrepreneuriale?
Centrale. L’échec fait de nous de meilleurs gestionnaires, de meilleurs humains et elle nous conscientise que nos actions ont une portée sur les autres. Elle nous permet de ne pas avoir peur de travailler avec des gens plus forts que nous dans nos principales faiblesses et de travailler avec une équipe complémentaire, et ce, même s’ils peuvent prendre notre place un jour.
>> Ce que tu aurais aimé savoir avant de te lancer en entrepreneuriat?
Que c’est correct de refuser des opportunités ou des ententes pour respecter ses valeurs et la mission de l’entreprise que l’on a forgé. Au début, on a tendance à être flexible sur nos objectifs mais rigide sur nos moyens. Je pense que c’est l’inverse qu’il faut faire, être rigide sur nos objectifs mais flexible sur nos moyens.
Mise à jour : David Miljour est maintenant le Directeur général du Pôle d’économie sociale de l’agglomération de Longueuil.
Vous «flirtez» avec l’idée de devenir entrepreneur? Prenez rendez-vous dès maintenant avec notre conseillère en entrepreneuriat!