Dans le cadre de la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat, nous avons posé quelques questions à une entrepreneure passionnée, Elisabeth Desbiens fondatrice de l’Agence MOVE.
>> Qui es-tu et en quoi consiste ton travail?
À l’aide de mon réseau développé en production (publicité, télé, corpos) je donne aux artistes du mouvement plus d’options d’auditions, je les mets en valeur, les conseille, négocie les contrats, m’assure qu’ils soient payés les appuie et les aide dans leur carrière artistique. Nous formons une communauté et nous nous faisons voir auprès des producteurs, réalisateurs et chorégraphes du Québec.
>> Plus jeune te voyais-tu dans ce métier?
Je n’ai jamais pensé à devenir agente d’artistes. Quand j’ai commencé l’école des entrepreneurs, je voulais ouvrir un organisme qui représenterait la danse (rassembler une communauté, promouvoir la danse à l’écran, distribuer des films de danse) car c’est une grande passion. C’est en parlant à une amie danseuse professionnelle qui m’a dit que j’avais toutes les clés en mains pour ouvrir une agence qui représenterait les danseurs que l’idée a germé.
J’étais très stressée à l’idée de plonger là-dedans au départ. Ce serait ma première compagnie à vie et ça viendrait avec toutes sortes de responsabilités. Surtout envers les artistes que je représenterais : Serais-je digne de leur confiance? Est-ce que je connais assez le milieu pour les aider? Qui suis-je pour être un leader dans ce domaine? D’un autre côté c’était aussi important pour moi d’être responsable de mes actions : Si je mettais la switch à on sur ce projet-là, il fallait que ça se passe et ce, jusqu’au bout.
J’avais peur de me sentir trop redevable envers les artistes (une quarantaine) que je devais approcher pour les «signer». J’ai repoussé la question et la pression dans un tiroir de ma tête et j’ai continué mes classes à l’École des Entrepreneurs. Dans mes cours je me suis fait des amis qui vivaient pas mal la même chose. Même si leurs idées d’entreprises étaient totalement différentes de la mienne, on étudiait la même chose, on avait le même objectif et à peu près les mêmes peurs. On était tous stressés à l’idée de se jeter à l’eau. Parallèlement, on recevait du support et on apprenait les outils pour nous aider justement à le faire.
À travers mes «devoirs» j’ai contacté une agente d’artistes (de comédiens) avec qui j’avais déjà été en contact sur des projets professionnels et qui m’était recommandée par une amie commune. C’est ce qui m’a finalement décidé à plonger. Au cours de cette rencontre de 2h30 qui m’a semblé passer à la vitesse de l’éclair, (elle a été d’une grande générosité) on a discuté de son parcours à elle, le mien, les défis, les point positifs et négatifs du métier et elle a fini par me dire : Je ne vois pas pourquoi tu hésiterais, tu as tout ce qu’il faut pour que ça fonctionne. Je ne vois aucun risque. Fonce, go!
Cette rencontre a été déterminante et j’ai pu terminer mon ASP en lancement d’entreprise en lançant mon entreprise : l’Agence MOVE. J’étais très fière.
>> Sinon, que voulais-tu faire comme métier?
On remonte il y a douze ans, je voulais devenir une danseuse professionnelle. J’avais lu les biographies de tous les plus grands danseurs de l’Amérique du Nord, j’étais abonnée aux magazines spécialisés, j’assistais à tous les spectacles de danse contemporaine et je mettais tout mon argent dans mon entraînement. Une vraie fan finie. Pourtant, une blessure a fait basculer mon rêve. Bon, je n’étais pas tout à fait le bon soldat non plus, je voulais déjà imposer mes idées déjà et possiblement que la carrière d’interprète n’était pas ce qu’il me fallait. Suite à ça, j’ai commencé à écrire des films de danse que j’ai réalisés.
Pendant cela, je travaillais comme réceptionniste dans la plus grosse boîte de production publicitaire de Montréal. C’est là, que j’ai connu absolument tout le monde dans le milieu des médias de Montréal. En tant que réceptionniste, tu parles à tout le monde, tu les accueilles, tu es friendy avec eux, si tu es moindrement ambitieux tu comprends rapidement que c’est un endroit peu banal pour te faire des contacts. Après 3 ans dans cette compagnie j’ai été coordonnatrice de production puis chargée de projets ensuite directrice de production jusqu’à productrice déléguée. Cette expérience m’aide à tous les jours pour le bien de mes artistes. Avec mes connaissances du côté production, je peux mieux négocier leurs contrats. Je comprends les enjeux de chaque côté ce qui me permet aussi de mieux suggérer aux réalisateurs les bons candidats. Tsé, quand on dit que toutes les expériences sont enrichissantes..!
>> Pour quelles raisons voulais-tu devenir entrepreneur?
J’ai pas l’impression qu’on devient entrepreneur, il me semble qu’on a la fibre ou pas. Pour moi c’est viscéral ce besoin d’être maître de mes projets, de me dépasser constamment, de travailler en passionnée. Avoir une incorporation a concrétisé ce besoin et c’est un défi que je peux cocher. Maintenant, le défi se poursuit par l’aspect «business» de l’entrepreneuriat : Comment jouer avec les paramètres pour améliorer le sort commun? Comment puis-je démarquer l’organisation de manière créative? Comment à la fois aider la communauté tout en étant profitable?
Ce qui est merveilleux avec l’entrepreneuriat c’est qu’on peut toujours faire plus et mieux.
Ça évolue constamment.
>> Dans circonstances as-tu le plus appris sur l’entrepreneuriat?
Avec un mentor. J’ai appris des bases en faisant l’ASP Lancement d’Entreprise à l’École des Entrepreneurs de Montréal. Ensuite, j’ai lu beaucoup. L’expérience à tous les jours me forme, mais mon secret c’est mon conjoint. Il a eu plusieurs compagnies avec des actionnaires. On parle de compagnies pas mal plus grosses que la mienne avec plus d’employés, de plus gros revenus et aussi de plus gros enjeux. Avoir un mentor à ce niveau, ça aide énormément.
>> Avec le recul qu’aurais-tu fait différemment?
Il y a plein de choses que je ferais différemment aujourd’hui! Bien sûr avec l’expérience que j’ai acquise je ferais certaines choses différemment, mais il ne faut pas oublier quand on pose cette question, qu’on n’a plus le même contexte qu’au moment où les choses ont lieu.
Quand on lance une entreprise ça va vite et même avec les meilleures intentions, il y a des endroits où on coupe les coins ronds, c’est juste humain. Souvent, après des moves comme l’ouverture de l’agence, comme un boom dans l’industrie très nichée de la représentation de danseurs, je préfère être à demie-consciente de l’impact, c’est-à-dire ne pas me poser trop de questions à ce moment-là pour ne pas freaker. Il y a une part d’insouciance ou d’innocence là-dedans (c’est mon mécanisme de protection pour avancer) et je l’accepte, sinon c’est bien possible que je n’aurais pas eu le guts de me lancer là-dedans!
>> Qu’est-ce qui te fait tripper dans l’entrepreneuriat?
Être à son compte et le chef des opérations de son propre bébé c’est fantastique. Après si peu de temps, mon nom est carrément associé à mon agence et je reçois des demandes pour assister à des groupes de discussion des enjeux majeurs de la danse au Québec, j’ai été invitée à siéger sur un CA sur un tout nouveau Festival International de Danse à Montréal. Je me sens choyée d’avoir accès à ces tables (où je suis le bébé, on va se le dire). Dans le fond, ce qui m’allume beaucoup, c’est que je peux m’impliquer légitimement et ma voix a maintenant une place dans ce milieu que j’aime et qui me passionne.
>> Est-ce que l’accompagnement reçu a fait une différence dans ton cheminement?
L’accompagnement a tout changé. C’est primordial. Je connais des chefs d’entreprise qui ont fait leurs preuves et qui continuent à recevoir l’aide de mentors. Donc c’est aussi à tous les niveaux. À l’étape du lancement de l’entreprise, c’est la petite tape sur les fesses qui te pousse à sauter. C’est un réseau de connexion de personnes passionnées qui comprennent que l’échec est acceptable, qu’on se relève et qu’il n’y a pas de honte : on se tient les coudes.
Le CJE Marguerite d’Youville a été mon point de départ dans ce parcours. J’y ai suivi une courte formation d’introduction «Atelier de démarrage d’entreprise» par curiosité je crois. Là, on m’a expliqué que pour lancer une entreprise, il fallait un plan d’affaires. Ouh! C’était tout un terme important à ce moment-là! De là, j’ai été dirigée vers l’École des Entrepreneurs et en parallèle le CJEMY a continué à m’offrir un accompagnement plus concret, par exemple, des rencontres pour recevoir de l’aide et des conseils comment gérer mes réseaux sociaux, comment structurer mon site web, etc. C’était personnalisé et ça m’a beaucoup aidé, ne serait-ce que pour avoir un deuxième avis.
>> Qu’aimerais-tu que le futur entrepreneur sache sur l’entrepreneuriat?
Je dirais au futur entrepreneur : Vas faire l’ASP en Lancement d’entreprise. C’est gratuit et c’est une bonne base. Développe ton réseau de relations et entoure-toi de passionnés. Sois curieux. Ne prends jamais un «non» comme une réponse acceptable. Tout est possible, fie-toi à ton instinct.
>> Quelles sont, selon toi, les qualités indispensables pour devenir/être entrepreneur?
Être curieux, toujours chercher à faire mieux, chercher à élever les standards, être actif et travaillant. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt et c’est vrai!
>> Qu’est-ce qui a été le plus formateur pour toi : l’échec ou le succès? Et pourquoi?
C’est drôle, je ne vois pas grand-chose comme un échec. Chaque situation nous apprend quelque chose. Dans le quotidien parfois on sait qu’on ne fait pas tout à son top, mais ça fait aussi partie de la game d’accepter ses limites et d’imposer ses limites aussi.
>> Ce que tu aurais aimé savoir avant de te lancer en entrepreneuriat?
Surement plein de choses mais c’est aussi ça être entrepreneur, apprendre sur le tas, parce qu’on n’a pas le choix, c’est nous qui menons!
Vous «flirtez» avec l’idée de devenir entrepreneur? Prenez rendez-vous dès maintenant avec notre conseillère en entrepreneuriat!